Façonner son avenir, une utopie ? Pas si sûr À 28 ans, Thibault Doutriaux touche son rêve du bout des doigts. Fraîchement devenu entrepreneur, rien ne le prédestinait pourtant à la carrière qu’il s’est lui-même construite.

Si la réussite de son nouveau projet de vie a été fulgurante, elle est pour autant le fruit de nombreuses années de réflexion, de tentatives parfois vouées à l’échec. Pour autant, Thibault vous le dira lui-même : il ne regrette pas une miette de ces années passées à tâtonner, qui lui ont peu à peu permis de trouver sa place, et de se bâtir un avenir professionnel qui lui correspond.

Voyageur dans l’âme, le rêve est désormais réalité : entrepreneur, investisseur, expert en cryptomonnaies, Thibault travaille d’où il veut et peut donner libre cours à ses envies d’ailleurs. Parcours, désillusions, échecs, réussites, stratégies empruntées De son premier emploi à aujourd’hui, il partage avec nous son parcours.

De quoi nous inciter à sortir de notre zone de confort, questionner nos propres aspirations et nous donner l’envie - comme les moyens - de concrétiser nos projets !

Depuis quelques mois déjà, ta vie professionnelle a pris un nouveau tournant. Peux-tu nous dire brièvement ce que tu fais ?

Aujourd’hui, et depuis quelques mois déjà, je suis entrepreneur et je m’intéresse plus particulièrement aux cryptomonnaies. Après m’être constitué une audience de plus de 200 000 followers sur Tik Tok grâce à la publication de vidéos quotidiennes, je m’attèle désormais à la construction et la diffusion simultanées de ma première formation en ligne, dédiée à l’investissement dans les cryptomonnaies. Localisé à Biarritz, je travaille de chez moi et j’ai la possibilité de vivre pleinement ma passion pour le surf tout en ayant une vie professionnelle riche et épanouie !

Ta situation d’aujourd’hui est aux antipodes de celle que tu avais il y a quelques années. Peux-tu nous en parler ?

Il est vrai que rien ne me destinait a priori à explorer la voie de l’entrepreneuriat ! À la base, mon choix était plutôt porté sur le salariat. Après avoir intégré un IUT Techniques de Commercialisation et la Toulouse Business School, j’étais à la recherche d’un VIE (Volontariat International en Entreprise). L’objectif était de débuter ma carrière professionnelle tout en partant à la découverte d’un nouveau pays, d’une nouvelle culture. Espagne, États-Unis, Cambodge : j’avais déjà eu la chance de sillonner le globe au gré des stages effectués dans le cadre de mes études. Les voyages, le fait de vivre et de travailler à l’étranger m’ont toujours attiré. Dans la continuité de ces expériences, j’ai fini par décrocher un poste de Responsable Business Development, et j’ai posé mes valises en Thaïlande, à Bangkok. Sur le papier, le rêve commençait… Pourtant, j’ai rapidement déchanté.

Si j’avais atteint mon objectif en intégrant une grande entreprise française implantée à l’étranger et conjuguait vie professionnelle et voyage à l’étranger, j’ai assez rapidement réalisé que je n’étais pas à ma place. Méthodes de travail, process en place, perspectives de carrières futures, aussi confortables qu’elles puissent paraître… J’ai rapidement compris que l’avenir auquel je me destinais ne correspondait finalement en rien à ce que je recherchais.

En parallèle, je croisais régulièrement des digital nomades, au gré de mes escapades. Je les observais travailler confortablement installés dans leur hamac en bord de plage, un bol de soupe thaï dans une main, leur ordinateur dans l’autre. La liberté, l’indépendance dont ils jouissaient m’a tout de suite fait rêver. J’ai eu l’occasion d’en rencontrer certains, d’échanger avec eux sur le mode de vie, leur rythme de travail, et cela a été un vrai déclic pour moi. J’ai tenu bon pendant un an et demi… Et j’ai fini par quitter mon poste, convaincu que mon bonheur était ailleurs !

Lorsque tu as pris cette décision, quel était ton plan d’action pour la suite ?

Je n’en avais pas vraiment ! J’avais 23 ans, ça a été une vraie rupture. Partir, c’était remettre en question tout ce que j’avais entrepris jusqu’ici, abandonner tout ce que j’avais projeté de ma vie professionnelle à venir pour m’aventurer vers l’inconnu. À vrai dire, j’étais complètement perdu. J’ai commencé par voyager, puis j’ai réalisé un bilan de compétences à mon retour. Cela m’a conforté dans l’idée de m’orienter vers le secteur du digital pour, à terme, avoir une chance de réaliser mon rêve : pouvoir travailler de n’importe où. C’était bien avant la crise sanitaire, et le milieu du digital avait clairement une longueur d’avance sur les autres secteurs vis-à-vis du télétravail.

J’ai ensuite enchaîné trois expériences professionnelles qui ont été extrêmement enrichissantes et formatrices. J’ai commencé par travailler au sein d’une startup qui développait une application destinée à être vendue aux salles de sports. À l’époque, le projet peinait à décoller, et j’ai fini par quitter le navire. J’ai ensuite tenté avec un ami de lancer ma propre application. Le principe était similaire à Doctolib, nous souhaitions développer une plateforme de prise de rendez-vous. Coiffeur, dentiste, cours de yoga : l’objectif était de permettre aux usagers de prendre tous leurs rendez-vous en ligne en quelque clics. Nous avons finalement abandonné le projet et j’ai intégré une nouvelle entreprise qui lançait un produit à destination des sportifs de haut niveau. Embauché pour assurer la vente et la distribution de ce produit, mon quotidien ressemblait davantage à celui d’un freelance, puisque l’on m’avait confié des missions que je devais réaliser dans la plus grande autonomie. De la création du site au lancement du produit en passant par la recherche de clients, j’ai pu ainsi être confronté à une multitude d’enjeux propres aux entrepreneurs, comme si j’étais à la tête de ma propre entreprise. Cela m’a énormément appris, et c’est d’ailleurs en parallèle de cette activité que j’ai lancé mon propre projet.

Mon plan d’action s’est construit, affiné au fil de toutes ces expériences, au gré des réussites, mais aussi des échecs !

Qu’est-ce qui t’a justement poussé à passer à l’action ? Comment ton projet est-il né ?

L’idée a germé peu à peu alors que j’étais toujours en poste. C’était en novembre 2019, je m’appuyais alors sur les bases de données dont je disposais pour démarcher et je souhaitais creuser la prospection en ayant recours aux outils du digital.  C’est alors que j’ai entendu parler d’un consultant réputé pour son expertise en prospection via LinkedIn. Nous avons décidé de faire appel à lui et avons pu bénéficier de sa formation en ligne ainsi que d’un accompagnement personnalisé pour mettre en place une nouvelle stratégie de prospection. La stratégie instaurée a été plus fructueuse, les résultats au-delà de nos espérances. J’ai appris énormément à ses côtés et c’est grâce à lui que j’ai pris conscience de l’étendue du potentiel de ce type d’approche, des possibilités infinies de la prospection, de la puissance des outils du marketing digital. Cela m’a donné une formidable énergie et m’a donné l’envie de créer mon activité pour de bon, en ayant recours à ces outils. Je me suis décidé à me lancer rapidement après, et l’arrivée de la crise sanitaire, du chômage partiel, ont sonné le début de cette aventure qui est aujourd’hui mienne !

Pourquoi t’être tourné vers les cryptomonnaies ? Que t’a permis le secteur du digital ?

Mon intérêt pour les cryptomonnaies n’est pas nouveau. J’ai moi-même investi dans le Bitcoin, et je me suis construit au fil du temps une certaine expertise en la matière. Récemment, je me suis rendu compte que nombre de mes proches s’y intéressaient et se tournaient vers moi lorsqu’ils avaient des questions. Ayant appris seul lorsque je me suis lancé en 2016, je me suis rendu compte en échangeant avec eux que j’aurais rêvé d’avoir des outils pour acquérir les compétences que j’ai aujourd’hui. Cela m’aurait permis d’éviter certaines erreurs, d’avancer plus vite. Fort de ce constat, j’ai commencé à travailler sur un plan de formation avec pour objectif d’accompagner tous ceux qui décident de se lancer dans l’investissement en cryptomonnaies, en leur proposant une formation la plus qualitative possible.

Je crois que mes précédentes expériences m’ont profondément marqué et ont fortement impacté mon choix pour ce secteur, comme mes choix de structuration d’ailleurs. Mes échecs m’ont permis d’avancer rapidement et ont clarifié mes aspirations, m’ont permis de faire le point sur ce qui me correspondait vraiment.

Au gré de mes expériences, j’ai aussi compris que monter une startup ne me conviendrait pas, de la même manière que m’engager dans un projet nécessitant un investissement de départ important était impossible. Le fait de me positionner sur le secteur du digital et d’opter pour un statut d’autoentrepreneur m’ont permis de me structurer tout en conservant une certaine flexibilité, en minimisant mes coûts de lancement. Certes, la mise en place d’une stratégie de marketing digital demande du temps, mais j’ai pu lancer mon activité rapidement, avec très peu de moyens, tout en restant en accord avec l’idéal que je me fixais. C’était déjà un bon début ! Enfin, le fait de tester le marché via le déploiement d’une stratégie de marketing digital dédiée m’a permis de conforter mes choix, et de comprendre que j’allais dans la bonne direction.

Justement, peux-tu nous en dire plus ? Comment as-tu construit ta stratégie ? Quelles ont été les différentes étapes qui t’ont permis de donner vie à ton projet ?

J’ai commencé par rechercher des formations en ligne dédiées au marketing digital, j’ai notamment suivi des formations dispensées en anglais d'une qualité extraordinaire sur l'entrepreneuriat digital, moyennant un certain investissement : ces formations sont relativement chères.  Elles m’ont permis de découvrir un certain nombre de stratégies innovantes dont on n’entend très peu parler.

J’ai beaucoup lu, et j’ai également passé beaucoup de temps sur YouTube, cela m’a permis de compléter mon apprentissage ! Je me suis notamment intéressé à plusieurs Youtubeurs portés sur l’entrepreneuriat, qui partageaient leurs conseils. Je me suis aperçu qu’ils finissaient toujours par dresser le constat suivant : pour donner toutes les chances à un business d’aboutir, se constituer une communauté est un prérequis fondamental. Pour cela, il suffit selon eux de choisir un sujet de niche et de partager ses conseils, de créer des contenus à forte valeur ajoutée et de les diffuser pour attirer l’attention des personnes partageant un intérêt commun pour le sujet choisi. Une fois créée, cette communauté constitue une audience avec laquelle on peut véritablement interagir, qu’il est possible de questionner pour déceler ses besoins et proposer un produit qui comble ses attentes.

J’ai donc décidé de tester cette approche. J’ai réalisé une étude de marché, recensé toutes les plateformes existantes. À l’époque, Tik Tok en était à ses débuts, mais je recensais d’ores et déjà quantité de comptes anglophones traitant d’investissement, de gestion des finances personnelles et de cryptomonnaies. Ces comptes avaient beaucoup de succès ! En revanche, je ne trouvais aucun compte francophone équivalent. C’est précisément ce constat qui m’a incité à créer mon compte Tik Tok, avec l’ambition d’éduquer les gens sur ces sujets. Je me suis donc lancé en publiant une vidéo pour tester… Le résultat fut sans appel : dès cette première vidéo, j’ai pu recueillir près de 350 000 vues, l’aventure commençait !

J’ai donc décidé de tenter le tout pour le tout. En parallèle de mon activité salariée, je me suis fixé pour objectif de poster une vidéo par jour dans l’ambition de faire croître ma communauté. En quelques mois, je passai le cap des 200 OOO followers… À la suite de quoi, j’ai quitté mon poste pour me consacrer entièrement à mon projet et suis parvenu à lui donner l’envergure souhaitée en ayant recours à une stratégie de lancement inversé !

Peux-tu nous détailler cette approche ? Qu’est-ce qu’un lancement inversé, en quoi cela consiste ?

Cette stratégie est vraiment propre au secteur du marketing digital, et le principe est assez simple : il s’agit de vendre un produit – quel qu’il soit – avant même qu’il ne soit créé. Cela permet ainsi d’ajuster le produit suivant les attentes d’une cible donnée, en ayant en parallèle testé sa potentielle adhésion à ce dernier. L’avantage est assez net : cela permet de donner toutes les chances au produit de rencontrer son public, plutôt que de travailler d’arrache-pied sur un produit qui n’intéressera peut-être personne.

J’ai donc appliqué cette méthode à mon projet de formation en ligne en commençant par organiser un webinaire, avec pour objectif premier de rassembler un maximum d’inscrits. Dédié à l’investissement dans les cryptomonnaies, ce webinaire s’inscrivait dans la continuité de toutes les vidéos que j’avais réalisé jusqu’ici. C’était l’occasion de leur apporter des informations complémentaires sur le sujet, tout en me affirmant ma posture d’expert. À la fin du webinaire, il était donc prévu que je leur propose d’acheter ma formation pour creuser le sujet. Tout en précisant que celle-ci verrait le jour si elle remportait leur adhésion et que je disposais de suffisamment de fonds via ce système de prévente. Le cas échéant, ils seraient remboursés.

À l’annonce du premier webinaire, 10 000 personnes se sont inscrites. Trois webinaires ont finalement été organisés pour répondre à cette affluence incroyable. Les préventes ont suivi, j’ai ainsi pu m’atteler à la création de la formation en ligne ! Aujourd’hui, j'ai créé ma formation et ai posté les différents modules au fur et à mesure, je suis en contact permanent avec les apprenants et profite pleinement de tous leurs retours pour ajuster les modules. Cette façon d’avancer est passionnante et me permet d’être au plus près des apprenants, de créer un produit sur mesure, qui répond pleinement et quasiment instantanément à leurs besoins.

Ton projet a rencontré le succès rapidement ! Au cours de son élaboration, quels ont été tes appréhensions ? Quels sont aujourd’hui les challenges à relever ?

Le fait de m’exposer a été, je pense, ma plus grande appréhension de départ. Me retrouver sur Tik Tok, prendre le risque de faire un bide complet alors que je me mettais à nu, ce n’était pas rien ! J’avais vraiment peur d’être ridicule, d’être jugé. Je me suis également posé énormément de questions sur ma légitimité à me positionner sur ce sujet. J’étais victime de ce que l’on appelle plus communément aujourd’hui le syndrome de l’imposteur. Je craignais sans cesse de ne pas être suffisamment expert sur le sujet pour être crédible et avoir quelque chose d’intéressant à apporter aux autres.

Dès lors que je me suis lancé, ces appréhensions se sont envolées… Et j’ai pu être conforté rapidement dans mes choix grâce au succès de mes publications. Une fois rassuré, il a fallu tenir le rythme : publier une vidéo par jour demande une vraie discipline de travail. La création de chacune d’entre elles nécessite une attention particulière, je questionne sans cesse mon approche pour être le plus pertinent possible, c’est un sacré challenge au quotidien. Aujourd’hui, je suis assez serein, j'ai construit ma formation et des personnes s'inscrivent régulièrement. Même si le rythme est intense, je suis épanoui dans ce que je fais. Mon objectif est maintenant de la diffuser plus largement, de lui donner encore plus de résonnance, et d’en créer de nouvelles.

Pour autant, j’ai bien conscience que le vent peut vite tourner : j’ai eu beaucoup de chance, je me suis emparé du bon sujet au bon moment, reste à voir si l’engouement pour les cryptomonnaies restera le même d’ici les prochaines années. Si ce n’est pas le cas, il faudra alors que je m’ajuste aux réalités du marché, que je rebondisse sur autre chose… Nous verrons ! Je reste donc alerte, et réfléchis en parallèle à d’autres projets.

Tu vis aujourd’hui le début d’une nouvelle aventure : pour l’heure, quel est ton plus grand succès ?

Je crois que ma plus grande réussite est d’avoir atteint mon idéal de vie : celui de pouvoir travailler à mon rythme, de n’importe où, en étant mon propre patron. Même si travailler seul demande une rigueur et une énergie folles, cela me correspond tout à fait. Je recruterai peut-être à terme, mais je sais aussi que cela génère davantage de contraintes. La charge de travail que je supporte aujourd’hui, c’est aussi, d’une certaine manière, le prix à payer pour jouir de cette liberté, de ce sentiment d’indépendance que j’apprécie tant.  

Pour le moment, je finis de créer ma première formation et je profite au maximum de ce nouveau rythme.

J’habite à Biarritz, je vis et travaille à mon rythme : je vais surfer quand il y a des vagues, quelle que soit l’heure… Et je finis de travailler plus tard au besoin. J’envisage de repartir bientôt, probablement à Bali, pour vivre pleinement l’expérience et me glisser dans la peau de ces digital nomades qui m’ont tant fait rêver !  


Quel conseil souhaiterais-tu donner aux personnes qui hésitent à se lancer ?

À vrai dire, j’en ai deux ! En premier lieu, ne jamais laisser la peur nous dominer. Lorsque l’on a une idée, une envie de lancer un projet, on a souvent tendance à anticiper les risques que l’on prend, à imaginer le pire, à craindre que cela ne fonctionne pas comme on l’aurait souhaité. La peur de perdre ce que l’on avait acquis nous empêche parfois d’aller au bout de nos ambitions. Plutôt que d’imaginer le verre vide, voyons-le plein ! Je crois que le fait de penser en termes d’opportunités plutôt qu’en termes de risques permet de ne pas se focaliser sur ses peurs, de se lancer, et de mettre toutes les chances de son côté pour réussir.

Mon deuxième conseil est de persévérer, de ne pas s’arrêter face à l’échec, de capitaliser dessus. Les échecs sont incroyablement formateurs et ne doivent pas être une fin en soi. Ce conseil m’avait été donné il y a quelques années, et il m’accompagne toujours. Mes échecs m’ont permis d’acquérir de précieuses compétences, ont fait mûrir mon projet, et j’ai continué à avancer, j’ai finalement trouvé ma place. Aucun grand projet ne s’est monté en quelques mois, les plus grands entrepreneurs peuvent en témoigner. Affronter ses échecs, s’accrocher, rebondir, reconstruire, c’est déjà, je crois, faire un pas vers la réussite.